« L’Amour Assassin » d’Ekum’a Mbella Bwelle : Un roman inspiré de la vie du chanteur camerounais Kotto Bass

par Rosine Dayo
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"L’Amour Assassin" d'Ekum’a Mbella Bwelle : Un roman inspiré de la vie du chanteur camerounais Kotto Bass

L’Amour Assassin est un roman qui revient sur un personnage légendaire qui pendant les années 1990 a marqué la scène culturelle camerounaise. Après que de nombreuses langues se sont déliées pour livrer des témoignages quant aux circonstances de la mort de Kotto Bass décédé en novembre 1996, l’auteur dans son récit de 105 pages lève le voile sur la vie et la disparition précipitée de cet artiste africain qui a marqué son temps au rythme du Makossa.

L’Amour assassin est publié en 2016 aux Éditions Ifrikya à Yaoundé. Éditeur de formation et ancien reporter, Ekum’a Mbella Bwelle compte à son actif de nombreuses publications dont Les chroniques d’une rupture, Christianisme et Ngondo : cohabitation ou rejet et Les nouvelles inédites.

Sur une douzaine de chapitres, le romancier nous emmène dans les méandres de la société africaine et plus exactement d’une famille camerounaise. Il la peint comme animée par ses croyances ancestrales, dansant au rythme d’intrigues et de son goût prononcé pour la musique, la boisson et les belles femmes.

Kotto Bass, L'Amour Assassin

Kotto Bass, chanteur musicien camerounais

Les premiers chapitres introduisent le héros de la narration. Ils décrivent les circonstances épiques de la naissance de Kotto Bass et précisent l’origine de son handicap, car Kotto Bass n’est pas né handicapé, mais c’est la vie qui l’a rendu ainsi. Avec ses parents, on revient sur ses tout débuts dans la musique, sa passion. Lui, dont les parents voulaient en faire un grand intellectuel, lui qui était en chemin pour une carrière de technicien en bâtiment embrassera une nouvelle carrière : la carrière musicale.

Le narrateur ballade ainsi son lecteur dans une succession de révélations qui ont pour effet de produire chez le lecteur aussi bien de la compassion que de la rage. Kotto Bass, lui, est décrit comme un lion animé par la rage de réussir, de mieux faire ce qu’il faisait déjà bien. Détermination, ardeur au travail, positivisme, enthousiasme, amour étaient les sentiments qui guidaient ses actions.

Seulement, le fait qu’il aime tout le monde comme il le disait dans sa chanson ne fut pas suffisant pour assurer son bonheur en société. Sa découverte du monde féminin avec Tresia Mongo marqua le début de leur idylle et la promesse d’un mariage non tenue. Le succès et l’amour des belles femmes guidèrent Kotto Bass vers celle par qui viendrait son malheur : Nyango.

C’était un jour de fin de semaine. Un samedi ! Comme le chante le musicien Meiway  »samedi soir weh ! C’est le weekend, on va danser, ça va chauffer ! » Et donc ce samedi soir, après que Kotto Bass ait presté à « Mont Kamer Bar », contraint par la pluie de rester, il décida de s’installer à une table le temps que la pluie se calme. C’est là qu’il jeta un regard dans la salle « Et il la vit ! ». Dès cet instant, le mécanisme de sa chute se mit en place. Comme le dit le narrateur, « Ce fut […]le début d’un amour qui amena la mort ! ». Désormais, hypocrisie, coup bas, jalousie prendront place dans son quotidien.

Écrit dans un style simple, chaleureux et triste à l’image de son personnage principal, L’Amour Assassin est un roman qui s’inspire des faits ayant marqué les mémoires vives du milieu culturel camerounais. Le héros Kotto Bass jusqu’au bout voue une confiance aveugle en l’Homme. Cette philosophie de vie le mènera à sa perte. Est-ce un signe que nous lance l’auteur ? Ce qui nous renverrait au dicton, « la confiance n’exclut pas la méfiance« .

L’auteur renouvelle le schéma traditionnel des amours incompris, les transformant en instrument de la fatalité. En effet, les sentiments sont bien présents, mais les couples ne parviennent pas à se constituer de façon harmonieuse une famille heureuse et unie ; le désir étant toujours plus grand que la raison. Les différents éléments de l’action intimement liés concourent à former un ensemble homogène où les conflits d’intérêts entre les personnages les font paradoxalement apparaitre comme solidaires, confondus dans une communauté promise à une sombre fin.

La scène s’ouvre dans la ville d’Ewalè puis s’étend avec l’ascension de Kotto Bass vers d’autres lieux. Cet agrandissement de l’espace a pour effet d’apporter, une meilleure visibilité au héros en ce qui concerne sa carrière musicale, mais aussi de l’instabilité dans sa vie personnelle. Le déroulement de l’intrigue sur une longue période, 33 ans, permet de mettre en scène les préludes d’une fatalité. Ainsi, la tragédie peut apparaitre dans toute sa pureté.

L’Amour Assassin est l’un des témoignages les plus émouvants sur la vie et la mort du musicien Kotto Bass. La voix du journaliste vient une fois de plus nous rappeler qu’entre la littérature et le journalisme, il n’existe qu’un pas. Cette aventure romanesque telle que le précise le narrateur est partie d’une enquête qu’a décidé de mener l’auteur après la mort de Kotto Bass. Ce roman est donc le résultat de cette enquête.

Ce roman serait pour ainsi dire un ensemble de révélations sur cette légende. Seulement, nous, lecteurs, nous devons garder à l’esprit qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un roman et donc d’une production imaginaire, réalisé dans le but de plaire et de toucher les âmes.

C’était le bon vieux temps, ambiance folklorique oblige, l’auteur a ravivé de chaleureux souvenirs. Si vous prenez le temps de lire ce roman, vous serez surpris par ce que la vie peut offrir lorsque l’on croit avoir tout perdu.

Nostalgie, nostalgie… Kotto Bass avec l’un des plus grands titres, « Édith »

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