Les visages de l’or est un roman de 61 pages édité en décembre 2015 par Ifrikiya dans sa collection Sanaga. Après son roman Ville morte paru chez le même éditeur quatre ans plus tôt, l’auteur conforte, par ce deuxième ouvrage, la confiance que lui a accordé son lectorat depuis le début de l’aventure. Baba Aoudou Hervé, en service au Ministère des Finances du Cameroun, est un philosophe de formation. Originaire de l’Est du pays, l’auteur nous invite à découvrir les réalités de la société dans laquelle il vit.
L’auteur nous conduit vers des réalités peu connues, mais pourtant réelles et tristes du village Bétaré-Oya. Comment penser à la tristesse alors que la première de couverture nous offre des visages entourés d’or et donc de richesse et de joie ?
Les visages de l’or nous plonge dans l’histoire d’un village dont les habitants, à l’exception du sous-préfet, vivaient dans la pauvreté et la misère. Toutefois, Bétaré-Oya n’était pas un village comme les autres. Il était connu pour la richesse de son sous-sol. L’auteur donne une lecture du quotidien de ces populations vivant dans les régions minières. Il montre comment, loin d’être une source de bénédiction, cet or dont parlent les livres de géographie s’avère être pour les populations une source d’aliénation et de malédictions.
Le roman est un récit de neuf chapitres dont le premier condensé en une phrase exprime toute la quintessence du livre. Il ouvre l’aventure par une interrogation dirigée à l’endroit du lecteur : Qu’est-ce que l’or ? Il invite ce dernier à une introspection, une réflexion philosophique personnelle. Le narrateur nous emmène dans l’aventure du personnage principal, Ndinga, et ses amis pour qui la misère n’a point de secret.
Tout commence après une visite que Ndinga fera au sous-préfet de la région. Durant cette visite, il est ébahi par la vue de tant de richesses appartenant à un seul homme. Une nuit, alors que sa pauvre maison est secouée par des intempéries, celui-ci s’écria : « Je n’en peux plus ! ». Pour Ndinga, l’heure de donner un nouveau tournant à sa vie avait sonné. Mais comment devenir riche se demandait-il ?
« Il faut trouver la méthode la plus sûre et la plus rapide. Il opte pour l’activité aurifère. Oui il y a de l’or dans ce village depuis toujours, mais les gens l’extraient juste pour la survie. Lui, il va mettre sur pied une équipe dynamique pour relever le défi… Il lui faut de l’or en abondance, comme ça il pourra aussi avoir un foyer, une résidence…» P14.
Wanto, la voix de la sagesse du roman, est un personnage énigmatique, d’aucuns le qualifient de pessimiste, d’autres d’idiot. Il est en effet rejeté pour ses idées et ses réflexions pas toujours bien accueillies par les adultes du village. Pour ce personnage, l’or de cette contrée est maudit et endort la population. Pour le village, « Il voit le mal partout. C’est l’idiot du village ».
Le prêtre, un des personnages principaux de l’œuvre, vient resserrer le débat en démontrant que pour les sceptiques, l’or est une illusion. Mais qu’en réalité, il existe plusieurs types d’or.
Les visages de l’or est donc une grande aventure qui nous invite à la découverte des différents visages de l’or. L’or est généralement connu pour être cette pierre précieuse qui est capable de transformer une vie. Seulement Baba Aoudou Hervé, par ce titre, nous propose une nouvelle orientation de notre conception de l’or. Dans un langage simple et correct, l’auteur nous emporte dans un univers singulier et épique.
C’est ainsi que se déroule cette aventure dans ce village mystérieux de Bétaré-Oya, aventure jonchée d’embûches, d’énigmes, mais aussi de personnages attachants. Accessible à tous les publics, je trouve cet ouvrage idéal pour découvrir le mystère de l’or et chercher quel est notre or à nous.
Eh bien voilà, c’est parti, j’ai attaqué l’année avec ce livre tout couvert d’or. Que les différents visages de l’or rayonnent dans vos vies en cette nouvelle année 2017.