5 romans historiques africains et afrodescendants adaptés à l’écran

par Ramcesse Chetmi
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5 romans historiques africains et afrodesendants adaptés au cinéma et à la télévision

Depuis toujours, le cinéma tire très souvent son inspiration de romans. Vous avez certainement regardé des films ou des séries télévisées, sans savoir que leurs scénarios sont tirés de romans. Les romans historiques africains ou afro-descendants ne sont pas en reste. Comme les codes de ce genre littéraire l’exigent, les cinq romans historiques adaptés au cinéma ou la télévision ont pour toile de fond un épisode (parfois majeur) de l’Histoire avec  des événements et des personnages réels et fictifs qui s’entremêlent.

 

1. SANGO MALO- Le maître du Canton de Bassek Ba Kobhio

Un roman de l’écrivain et réalisateur camerounais Bassek Ba Kobhio, publié en 1991 aux Éditions l’Harmattan dans la collection Encres noirs.

Sango Malo c’est l’histoire d’un jeune enseignant fraîchement sorti de l’école normale des instituteurs de Yaoundé au Cameroun. Pour ses premiers pas en tant que maître, il est affecté au village de Lebamzip en pleine forêt tropicale. Entre le jeune Bernard Malo Malo et son directeur de l’école, l’entente sera très difficile. L’origine de ce désamour entre les deux hommes se situe sur les méthodes d’enseignement. Pour le directeur d’école, héritier des anciennes pratiques pédagogiques, la méthode du jeune enseignant est loin de porter les fruits comme celle qu’il a connue. Les nombreuses réformes qu’il va lancer sur le plan éducatif et sur le plan du développement du village vont lui mettre à dos un groupuscule de personnes influentes qui voient d’un mauvais œil toutes les initiatives qu’il entreprend. Acculé, il sera dans un premier temps remplacé par une jeune stagiaire qui deviendra plus tard sa femme. Puis il sera arrêté pour atteinte à la sûreté de l’État et détournement de la jeunesse. Non seulement Malo Malo, jeune instituteur libertaire, révolutionne sa classe, mais aussi regroupe les paysans au sein d’une coopérative. Tout cela n’est pas du goût du chef du village et des notables.

 

Avec le soutien du Fonds du Développement de l’Industrie cinématographique (FODIC) lancé en 1973 par l’État du Cameroun pour soutenir le cinéma camerounais et d’autres institutions, Bassek Ba Kobhio lance le tournage du film. Il fait un casting d’acteurs déjà bien connus sur le plan local tels que Jérôme Bolo, Marcel Mvondo II, Jean Miguele, Edwige Ntongon à Zock, Jimmy Biyong, Henriette Fenda et Jean Endene dans les rôles principaux. Le film de 1h 33 minutes sortira en salle le 8 août 1992. Un an avant sa sortie en salle, le film est en compétition au Festival de Cannes (1991) dans la catégorie “Un certain regard”. La même année il reçoit la mention spéciale du jury au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Au Festival du Cinéma Africain de Milan, il remportera le Prix du public.

 

2. Aminata  (The book of Negroes) de Lawrence Hill

En 2012, les éditions Présence Africaine, réussissent le coup de maître d’accueillir dans leur catalogue le roman à succès du canadien Lawrence Hill. Le roman a reçu le Commonwealth Writers’ Prize en 2008.

Enlevée de son village en Afrique de l’Ouest à l’âge de onze ans et forcée de marcher jusqu’à la mer pendant des mois dans un convoi d’esclaves, Aminata est ensuite amenée à travailler dans une plantation d’indigo sur une île au large de la Caroline du Sud.
Elle survit grâce à ses compétences de sage-femme acquises auprès de sa mère et grâce à sa force de caractère héritée de ses parents. Mais Aminata reste piégée, échappant de justesse à la violence qui coûte la vie à de nombreuses personnes de son entourage. 

Elle aura la chance d’inscrire son nom dans le “Registre des Noirs”, authentique registre de l’armée britannique qui permit à trois mille loyalistes noirs d’embarquer à Manhattan sur des bateaux à destination de la Nouvelle-Écosse et du Québec après la guerre d’Indépendance américaine. C’est cette épopée pour retrouver la liberté et le courage immense d’Aminata qu’ont voulu retranscrire les réalisateurs de The book of Negroes. Cette mini-série qui n’a connu qu’une seule saison en six épisodes sortis en versions française et anglaise en 2015, a été une excellente peinture historique de ce qui a été la vie des centaines de milliers d’africains arrachés à leurs terres et vendus aux riches propriétaires en Amérique, particulièrement aux Etats-Unis et au Canada. 

Le roman a fait l’objet d’une adaptation à la télévision, sous la forme d’une mini-série réalisée par le Canadien Clement Virgo. D’une durée de six heures, elle a été diffusée sur BET et CBC en février 2015, avec Aunjanue Ellis, Lyriq Bent, Cuba Gooding Jr. et Louis Gossett Jr.

 

 

3. Sarraounia  de Abdoulaye Mamani

Ce roman relate une expédition coloniale française entre Niger et Tchad, arrêtée par la reine magicienne – Sarraounia – d’un petit royaume situé à l’ouest de l’actuelle République du Niger. Ecriture simple et directe. L’oeuvre repose sur des faits authentiques. La Reine Sarraounia a existé et son histoire a été fidèlement rapportée par les griots et historiens nigériens dans la plus pure tradition africaine. 

Une colonne française sous le commandement des capitaines Voulet et Chanoine, partie du Soudan français le 2 janvier 1899, a pour mission d’arrêter la marche foudroyante de Rabah, le “Sultan Noir » qui est en train de conquérir un royaume au cœur de l’Afrique. Les capitaines et leur légion de mercenaires africains brisent impitoyablement par le fer et par le feu tout ce qui se dresse sur leur passage. Des villages sont rasés femmes, enfants et vieillards mutilés, les greniers brûlés et les puits comblés. Les personnes valides sont capturés pour grossir et servir cette colonne en marche. Pour arrêter les folles exactions de cette colonne et de ces chefs, le colonel Klobb s’est lancé à sa poursuite. Il a pour mission historique de capturer les capitaines Voulet et Chanoine et de continuer jusqu’au Tchad. 

Sarraounia est prête à faire face. Voulet, apprenant l’existence de cette reine sorcière, décide de ne pas faire de quartier, malgré les recommandations de ses supérieurs… 

L’adaptation du roman en film a été réalisée par  l’acteur, réalisateur, scénariste et producteur franco-mauritanien Abib Mohamed Medoun Hondo, dit Med Hondo (décédé le 2 mars 2019 à Paris). Le film tourné au Burkina Faso est sorti en salles en 1986. Il remporte en 1987 L’Étalon de Yennenga (Grand prix), le prix du meilleur scénario au festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), et la même année le prix de l’Organisation de l’unité africaine.

 

 

4. Douze ans d’esclavage de Solomon Northup

Solomon Northup est né libre. Dans l’Etat de New York où l’esclavage n’a pas cours, cet artisan et violoniste noir mène une vie paisible. Jusqu’à ce jour de 1841 où deux artistes le persuadent de les accompagner à Washington pour se produire dans leur spectacle… Le lendemain, il se réveille dépouillé de ses papiers, enchaîné et enfermé au fond d’une négrerie. Il comprend avec stupéfaction qu’on l’a kidnappé pour le revendre comme esclave. Pendant douze ans, Solomon Northup va découvrir dans toute sa cruauté la machine esclavagiste du Sud des États-Unis.

Douze ans d’esclavage est l’autobiographie de Solomon Northup. Publié peu après le roman de Harriet Beecher Stowe, La Case de l’oncle Tom (Uncle Tom’s Cabin) (1852), le livre de Northup, qui lui dédicacera l’ouvrage, fut considéré comme un best-seller. Les 8 000 premiers exemplaires furent écoulés en quelques mois. Réimprimés plusieurs fois, plus de 30 000 exemplaires avaient été vendus dès 18562. Il fut édité à plusieurs reprises pendant le xixe siècle. Après plusieurs éditions pendant le XIXe siècle, le livre fut oublié pendant presque 100 ans avant d’être redécouvert par deux historiens de Louisiane, Dr Sue Eakin (Louisiana State University à Alexandria) et Dr Joseph Logsdon (Université de La Nouvelle-Orléans). Au début des années 1960, ils ont reconstitué le parcours de Northup et coédité une version dotée d’un appareil critique chez LSU Press en 19685.(Sources Wikipédia). La version en français est publiée chez Michel Lafon en 2014et traduite par Anna Souillac.

Douze ans d’esclavage est porté à l’écran dans le film 12 Years a Slave par l’artiste contemporain et réalisateur britannique Steve McQueen, avec comme acteurs principaux Chiwetel Ejiofor jouant le rôle de Solomon, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Lupita Nyongo’o et Paul Dano, ce récit authentique est un véritable réquisitoire contre l’esclavage. Il reçoit l’oscar du meilleur film en 2014.

 

 

 

5. Xala de Sembène Ousmane 

El Hadji Abdou Kader Beye, homme d’affaires sénégalais quinquagénaire, prend une troisième épouse, signe de réussite sociale et économique surtout. Selon la tradition musulmane, il a les moyens financiers pour assurer un train de vie luxueux à ses trois femmes, chacune a sa villa. Le soir, impossible de consommer son union, il est frappé d’impuissance. Il se croit victime d’une malédiction, le xala, lancée par un paysan qu’il avait autrefois ruiné. El Hadji, humilié, consulte les marabouts. 

Xala est le cinquième roman du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane. Il est publié en 1973 aux éditions Présence Africaine. La blogueuse Tchonté Silué en fait une belle chronique sur Youtube. En 1975, Sembène Ousmane adapte le roman Xala au cinéma et le film  reçoit le Prix spécial du jury au Festival international du film de Karlovy Vary en 1976.

 

 

 

Connaissez-vous d’autres romans historiques africains ou afrodescendants qui ont été adaptés au cinéma ou à la télévisions? Aidez-nous à enrichir cette liste en mettant les titres des livres et des adaptations en commentaire. Les romans africains non historiques sont aussi les bienvenus dans la liste.

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