9 essais de penseuses africaines et afrodescendantes qu’il faut avoir lues dans sa vie

par Chrystelle Ngoulou
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Les femmes que cette liste présente, sont des penseuses africaines et afrodescendantes qui questionnent les structures de pouvoir existantes. Ces femmes partagent aussi leurs expériences de résilience qui résonnent bien au-delà des frontières géographiques.

En effet, les femmes noires, africaines, vivant en occident, sont parfois limitées et freinées par des problématiques systémiques contre lesquelles il est impossible de lutter à l’échelle de l’individu.

Voici une sélection de livres que j’aurais aimé avoir entre mes mains au lycée. 

1- La parole aux négresses de Awa Thiam

Résumé : La parole aux négresses est l’ouvrage fondateur du féminisme noir francophone. L’anthropologue sénégalaise Awa Thiam y met au jour le vécu, les maux et les combats des femmes noires, à travers leurs propres paroles. Pour elle, le féminisme doit tenir compte de la triple oppression des femmes noires (de genre, de classe, de race) et des problèmes spécifiques de ces dernières, tels que les mutilations génitales, l’analphabétisme, les grossesses précoces, la polygamie, le mariage forcé et l’influence de la religion. Paru en 1978, ce livre ouvre des perspectives de libération de la femme noire dont l’actualité est encore frappante. Awa Thiam est la première féministe à formuler, quelques années avant bell hooks, la question du positionnement des femmes noires dans le mouvement féministe, jetant ainsi les bases théoriques de l’intersectionnalité.

 

2- La pensée féministe noire : Savoir, conscience et politique de l’empowerment de Patricia Hill collins

Résumé : Confrontées à une société sexiste et raciste qui leur impose des images stigmatisantes d’elles-mêmes, les femmes noires des États-Unis n’en ont pas moins une longue histoire de résistances. Dans cet essai mondialement connu, Patricia Hill Collins offre une synthèse impressionnante de cette tradition d’oppression et de militantisme. « La Pensée féministe noire » puise autant dans la littérature, les récits de vie, l’histoire militante, la philosophie sociale et politique, la sociologie critique que dans la culture populaire. Elle nous incite à penser non seulement les dominations plurielles, mais aussi les luttes passées et à venir. Ce livre donne accès à un savoir profondément ancré dans l’expérience irréductible des Africaines-Américaines – un savoir essentiel pour qui se préoccupe de justice sociale et pour un féminisme véritablement inclusif.

 

3- Intersectionnalité : Deux essais de Kimberlé Crenshaw 

Résumé : Pour mieux agir contre les inégalités, il existe un nouvel outil qui nous vient du féminisme noir : l’intersectionnalité, qui révèle des discriminations parfois invisibles et pouvant se renforcer les unes les autres. Cette notion a été théorisée par une juriste, Kimberlé W. Crenshaw, dans deux célèbres essais de 1989 et 1991 qu’on trouvera rassemblés ici pour la première fois et dans une traduction inédite.

 

 

 

 

 

4- La vie en noir : Comment vivre dans une société blanche de Guilaine Kinouani 

Résumé : Au cours des quinze dernières années, Guilaine Kinouani a nourri la réflexion sur la façon dont le racisme affecte la santé physique et mentale des personnes noires et racisées. Dans le cadre de ses recherches et travaux cliniques, elle a conçu des outils pour les aider dans leur prise de conscience et leur changement de posture. Pour appuyer ses propos, elle met en lumière des expériences des Noirs du monde entier et offre des conseils d’expert sur la manière de se libérer des mécanismes du racisme dans une société blanche, fixer des limites et faire barrage aux micro-agressions, protéger les enfants du racisme, retrouver le plaisir et la joie d’être soi.
Une analyse sans complaisance des traumatismes qui rongent les corps, les cœurs et les esprits noirs. Et un témoignage de réalités que le système de santé mentale a longtemps ignorées et niées.
En huit chapitres, construit chacun autour d’une dynamique sociétale, l’autrice offre aux lecteurs des outils pour les aider et accompagner leur réflexion sur leurs propres expériences et besoins psychologiques.

 

5- Vivre l’intimité : la sagesse de l’Afrique au service de nos relations de Sobonfu E. Somé

Résumé : Elevée dans un village traditionnel, instruite par les Anciens, Sobonfu Somé a participé à l’initiation tribale des femmes et aux années de guidance qui suivent l’initiation : elle détient dans son corps, dans sa conscience et dans ses actes ce que nombre d’entre nous, en Occident, recherche sans même savoir le nommer. Son lien intime avec la vie est si plein, si abondamment riche, que lire ses paroles c’est être témoin de vérités profondément ancrées ; c’est aussi réveiller des mémoires engourdies depuis longtemps par l’habitude d’acquiescer à tout sans conscience. Sobonfu nous convie dans un cosmos vivant et vibrant dans lequel hommes et femmes servent l’esprit, la communauté et les ancêtres. Elle nous rappelle que tout ce qui a trait au cœur découle de l’esprit, et que c’est donc vers cette source qu’il faut nous tourner pour que s’épanouissent nos relations. Sobonfu Somé nous offre un regard sur l’intimité qui aide à en rétablir le contexte sacré. Elle nous invite à nous positionner en adultes dans notre interaction avec notre partenaire, avec notre communauté et avec l’esprit – la dimension spirituelle. Elle nous met au défi de devenir encore davantage qui nous sommes. Un livre qui nous invite à pratiquer l’art de la relation sous la guidance bienveillante de l’esprit.

 

6- L’origine des autres de Toni Morrison

Résumé : Dans un recueil de textes préfacé par Ta-Nehisi Coates, le prix Nobel, Toni Morrison, revient sur les thèmes qui imprègnent son travail et dominent de plus en plus clairement la politique nationale et mondiale : la « race », la peur, les frontières, le mouvement de masse des populations, le désir d’appartenance. Qu’est-ce que la « race » et pourquoi est-ce si important ? Qu’est-ce qui motive la tendance de l’être humain à créer les Autres ? Pourquoi la présence de ces Autres nous fait-elle si peur ? Dans le cadre d’interventions à Harvard, faisant partie de la série des prestigieuses conférences « Norton Lectures », Toni Morrison réfléchit à ces questions – ainsi qu’à d’autres questions vitales – au sujet de l’identité. Dans sa quête de réponses, l’auteur se replonge dans ses propres souvenirs mais également dans l’histoire, la politique, et surtout la littérature qui joue un rôle important – notamment la littérature de William Faulkner, Flannery O’Connor et Joseph Conrad – dans la notion de « race » aux États-Unis, que ce soit de manière positive ou négative. L’auteur s’intéresse à ce que signifie être noir, à la notion de pureté des « races » et à la façon dont la littérature utilise la couleur de peau pour décrire un personnage ou faire avancer un récit. Élargissant la portée de son discours, Toni Morrison étudie également la mondialisation et le déplacement des populations à notre époque.

 

7- L’Autre Langue des femmes de Léonora Miano

Résumé : « L’ “autre” langue des femmes, c’est la parole qui émerge lorsqu’elles se définissent pour ce qu’elles sont, pas en fonction de ce qui leur est infligé.
Ce langage fut toujours parlé en Afrique, continent qui enfanta des dynasties de “grandes royales”, contredisant ainsi la posture victimaire d’un certain activisme occidental.
S’appuyant sur l’histoire, les mythes, spiritualités et pratiques sociales des Subsahariennes, l’auteur nous initie à un riche matrimoine qui révèle la variété des potentialités féminines.
Les femmes impressionnantes dont elle nous conte les aventures régnèrent sur des sociétés patriarcales, donnèrent une terre à leur peuple en exil, firent du plaisir sexuel un droit, s’engagèrent dans les luttes anticoloniales qu’elles financèrent souvent grâce à leur fortune personnelle, furent conscientes de leur valeur en tant qu’individus souverains.
Pourtant, la riche expérience des Africaines subsahariennes reste méconnue. Sans s’identifier à ces femmes ni voir en elles des références, on entend leur prescrire un modèle d’émancipation.
La “sororité” reste une vue de l’esprit, compte tenu des rapports de domination existant entre femmes. L’histoire a doté les unes d’un pouvoir symbolique, politique et économique dont les autres ne jouissent pas. Cette dissymétrie fondamentale est occultée par la centralité conférée à la question de l’hégémonie masculine, censée définir et fédérer les femmes.
Des rapports entre elles, reproduisant l’association de la cavalière et de la jument, permettent-ils de faire cause commune ? »L.M.

 

8- Universalisme de Mame-Fatou Niang 

Résumé : Repenser l’universalisme classique, ce n’est pas réveiller le démon du particularisme, de la pureté biologique et des passions fascistes. Ce n’est pas non plus tomber dans le piège de l’identité comme fondement de toute légitimité, ni couper la République en deux. C’est, tout au contraire, chercher le chemin d’un humanisme à la mesure du monde.
Partout, des plateaux de chaînes info aux tribunes des grands hebdomadaires, des interviews présidentielles aux phénomènes de librairies, on dresse le même constat : l’universalisme, indissociable de l’esprit français, pilier de la République, ferait face à un péril mortel.
Dans le récit qui structure le discours politico-médiatique en France, l’antiracisme présentable d’antan, validé par les partis de gauche pour son ambition universaliste – lutter en même temps contre toutes les haines collectives en intégrant tout le monde – se verrait supplanter par un antiracisme  » décolonial « ,  » indigéniste  » et  » catégoriel « , dont la grille de lecture serait  » racialisante « .

 

9- À propos d’amour : nouvelles visions de Bell Hooks 

Résumé : Parmi les livres les plus appréciés et les plus lus de bell hooks, À propos d’amour est un texte singulier. Avec sa perspicacité habituelle et ses talents de vulgarisatrice, l’autrice afroféministe s’y attaque à une thématique rarement abordée de front en théorie politique. Définissant l’amour comme un acte et non comme un sentiment, bell hooks démonte tous les obstacles que la culture patriarcale oppose à des relations d’amour saines, et envisage un art d’aimer qui ne se résume pas au frisson de l’attraction ou à la simple tendresse. Recourant à la philosophie morale comme à la psychologie, elle s’en prend au cynisme narquois qui entoure les discussions au sujet de l’amour, et s’attache à redonner toute sa noblesse à la possibilité de l’amour, dans une perspective féministe.

 

 

En ce mois de Mars, consacré à la femme, Afrolivresque voit une occasion parfaite de s’inspirer au quotidien de ces penseuses africaines et afrodescendantes dans nos propres quêtes d’équité et de justice.

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