Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, Tchad, Côte d’Ivoire et bien d’autres pays africains s’illustrent depuis plusieurs décennies par l’exceptionnelle longévité au pouvoir de leurs dirigeants. Les plus audacieux en arrivent à contourner allègrement l’obstacle naturel qu’est la mort et laissent, sur ce qui désormais s’apparente à un trône, leur progéniture. De nombreux intellectuels de tous bords dénoncent depuis quelque temps déjà cette imposture. Tel est le but de la pétition « Halte à la présidence à vie en Afrique » initiée par les écrivains Véronique Tadjo (Côte d’Ivoire), Eugène Ebode (Cameroun) et Tierno Monénembo (Guinée) le 30 août 2020.
Le contexte de cette pétition contre la présidence à vie en Afrique
L’initiative naît, il faut le rappeler, d’une promesse non tenue. Celle du président de la république de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui annonça lors d’un congrès de son parti qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections présidentielles. C’était le 5 mars 2020 et cette décision lui valut une salve d’applaudissements et des commentaires fort élogieux.
Début août 2020, suite à quelques soubresauts au sein de son parti, notamment le décès du dauphin désigné Amadou Gon Coulibaly, il décida, porté par un admirable sens du devoir, de briguer un troisième mandat. Histoire de parachever les chantiers déjà bien entamés. Face à cette situation l’on est en droit de s’interroger. Les élections présidentielles en Afrique, ne seront-elles toujours qu’une éternelle répétition de l’Histoire ?
Halte à la présidence à vie en Afrique, une pétition initiée par les écrivains Véronique Tadjo, Eugène Ebode et Tierno Monénembo Cliquez pour tweeterQuels sont les pays en Afrique aujourd’hui concernés par le manifeste?
Ils sont nombreux et ont une caractéristique qui donnent à réfléchir. Ils sont essentiellement d’Afrique francophone. Cameroun, Tchad, RDC, Togo, Gabon, Guinée équatoriale et d’autres ont cette particularité. L’alternance y est un sujet quasiment tabou. A tel point qu’on y a vu leurs leaders se maintenir au pouvoir à grand renfort de manipulation de la constitution, ou encore de résultats d’élections gagnées avec des pourcentages dignes de ceux présentés par le parti communiste soviétique en pleine époque stalinienne.
Devant ces situations qui se répètent et plongent le continent africain dans un marasme dont il a du mal à sortir quasiment depuis la fin des indépendances, il est urgent d’agir. Non plus seulement de réagir. Journalistes et personnes de la société civile n’hésitent plus à dénoncer ce qui apparaît clairement comme une confiscation du pouvoir.
« Pour que le mal triomphe seule suffit l’inaction des hommes de bien ».
Cette citation souvent attribuée à Burke mais qui serait en réalité du philosophe et économiste britannique John Stuart Mill résume plutôt bien le but de cette pétition. Cependant, cette initiative suscite une question: quelle est la portée d’une telle initiative en Afrique? Pour signer la pétition c’est ici.
LISTE DES PREMIERS SIGNATAIRES: Aya Ibrahima, écrivain et éditeur ; Baco Mambo Abdou, écrivain ; Badiadji Horretowdo, écrivain ; Barral Antoine, écrivain et traducteur ; Bebey Kidi, écrivaine et journaliste ; Bhêly-Quenum Olympe, écrivain ; Boisson Cécile, professeure et écrivaine ; Bondu Hélène, professeure de lettres ; Castel Christophe, professeur de musique ; Cayzac Marie-Claude, psychologue clinicienne ; Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition guinéenne ; Cirimirimwami Barhatulirwa Emmanuel, professeur à l’Université de Bukavu (RDC) ; Dautry Michel, médecin psychanalyste ; De Beer Anna-Marie, enseignante et chercheuse ; Dedet Jean-Pierre, professeur émérite, université de Montpellier ; Degon Elisabeth, bibliothécaire, auteure ; Etty Macaire, écrivain ; Fougères Thierry, urbaniste ; Gadjigo Samba, professeur à Mount Holyoke College (Massachusetts, Etats-Unis) ; Garnier Xavier, enseignant ; Grah Mel Frédéric, enseignant ; Gueret Nathalie, documentaliste ; Kabirigi Violette, étudiante ; Keita Cherif, professeur au Carlton College (Minnesota, Etats-Unis) ; Laski Catherine, directrice de publication ; Launay Gilles, fonctionnaire retraité ; Levy Julien, professeur d’histoire-géographie ; Mangeon Anthony, professeur à l’université de Strasbourg ; Marhouch Irène, professeure de lettres ; Mongo-Mboussa Boniface, écrivain, critique littéraire ; Ndjékéry Nétonon Noël, écrivain ; Ngorwanubusa Juvénal, professeur à l’université du Burundi ; Okoundji Gabriel, psychologue clinicien, écrivain ; Pacifique Docile, maître assistant à l’université du Burundi ; Reid Amy, professeur à New College of Florida (Floride, Etats-Unis) ; Revelle Alain, environnementaliste ; Rice-Maximin Micheline, professeure des universités ; Samaké Adama, universitaire ; Sextius Marie-Claude, créatrice ; Tidjani Alou Antoinette, professeure, écrivaine, traductrice ; Wa Kabwe Desire Kazadi, enseignant.
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