Vendredi Polar

SAISON 1 : LA DAME DE NKOLBISSON

ÉPISODE 7 : La belle fleur

*****

 

Commissaire Atangana S1, ep.7

Illustration Briand-Nelson Mutima

Mboudou et Mbarga s’engouffrèrent dans le restaurant « La belle fleur » comme s’ils voulaient échapper au jugement dernier. Ils étaient trempés jusqu’aux os et manifestement pas très heureux d’avoir dû quitter leur bureau douillet. Ils portaient maladroitement leurs pistolets dans des holsters tout neufs, un cadeau du ministre de l’intérieur quelques mois plus tôt. Ils en étaient fiers comme des paons.

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Le restaurant ou plutôt la gargote était complètement vide. La pluie avait fait fuir les derniers récalcitrants et même les rats qui se poursuivaient d’habitude entre les jambes des clients semblaient s’être donnés le mot. Les chaises de jardin en plastique qui servaient de mobilier avaient été pour la plupart renversées par le vent qui s’activait joyeusement au travers des fenêtres largement ouvertes. Une serveuse, la vingtaine forte, mal élevée et assez jolie malgré les tresses aux rallonges rouges à moitié défaites, était assise dans un coin de la pièce et débarrassait sans grande gêne apparente ses larges narines de crottes de morves aussi grosses que des balles de tennis.

L’oisiveté dans toute sa splendeur.

Mboudou et Mbarga se dirigèrent vers la seule table occupée, celle du commissaire Atangana et de son second. Ces derniers avaient terminé leur repas, un plat de porc-épic pimenté cuit dans une eau dont il était préférable d’ignorer la provenance, le tout accompagné de … piment naturellement.

Tout à Yaoundé se consommait avec une dose immodérée de ce brûleur d’estomac. Il n’existait malheureusement que très peu de produits naturels capables de désinfecter avec la même radicalité.

Un chien squelettique bailla derrière le comptoir. Trop affaibli pour quémander les restes du repas et sûrement un peu apeuré par la serveuse qui lui lançait des regards méchants suivis très probablement, s’il s’approchait, par des coups de pieds féroces. La relation entre les camerounais et leurs animaux domestiques avait tout d’un accord commercial. La demande : protéger la maison ou chasser les rats (pour les chats). L’offre : l’accès aux restes de nourriture de la table. Conséquence : cambriolage, pas de nourriture. Et « La belle fleur » avait été cambriolé plusieurs fois ces dernières années.

Pascal retira son cure-dent des lèvres.

« Ce n’est pas trop tôt.

— Chef, il n’y a pas de taxis … »

Joseph était abasourdi.

« Vous êtes venu en taxi ? Où est le car de police ?

— Chef, il n’y a plus l’essence … », répondit un Mbarga quelque peu honteux.

Joseph savait qu’il ne servait absolument à rien de s’énerver.

« Asseyez-vous ! », dit-il sèchement.

Les autres s’exécutèrent non sans lorgner au passage la bouteille de « 33 »[1] à demi vide de Pascal.

La serveuse fit mine de se lever mais interrompit son mouvement après que Joseph lui eut signalé d’un bref hochement de tête que ce ne serait pas nécessaire. Elle esquissa un sourire de soulagement, se rassit, réajusta son pantalon pagne sale et son t-shirt qui n’était rien d’autre qu’une grossière imitation d’un t-shirt de Christian Audigier sur lequel était inscrite en lettres blanches et en gros caractères la mention “WILD”. Ce morceau de tissu qui menaçait de craquer sous la pression abdominale de la jeune femme soulignait toutefois une poitrine mûre et attrayante. Dans l’ignorance totale de son attractivité sauvage, elle continua sans plus attendre l’inspection approfondie de ses cavités nasales.

Pendant ce temps, Pascal enchaîna :

« Nous pensons avoir une idée de ce qui s’est passé …, annonça Pascal.

— Où ça ? »

Mboudou, distrait par la cadence hypnotique de la poitrine de la jeune serveuse avait comme à son habitude parlé sans réfléchir. Il s’en mordit les doigts tout de suite.

« Où ça ? Où ça ? Vous dormez, Monsieur Mboudou ? »

Pascal en avait les yeux rouges de colère …

« Non, non, chef ! … », répondit Mboudou à voix basse.

Mbarga qui avait généralement un peu plus d’assurance le sauva de justesse :

« Monsieur le Commissaire, vous avez résolu l’affaire ?

— En effet, M. Mbarga. J’ai de nombreux indices. Ce sera à vous désormais de terminer l’enquête comme il se doit. », répondit ce dernier avec un large sourire.

Il dût se retenir de faire remarquer que “résoudre l’affaire” était en principe la tâche principale de ses subordonnés.

« Voilà ce que nous pensons : D’après leur voisinage, Monsieur et Madame Tchonkeu vivent depuis des années une relation très explosive. Comme il n’est malheureusement pas inhabituel dans notre cher pays, Monsieur Tchonkeu avait pris l’habitude de violenter son épouse pour un rien. Cette dernière a donc commencé à chercher du réconfort ailleurs et s’entiche de Jean-Louis Basseck.

 — Comme elle est très contrôlée par son époux, les deux amants choisissent le seul moment de la journée où ce dernier ne peut rien soupçonner : le petit matin ! compléta Pascal.

— Pourquoi ? demanda Mbarga, visiblement passionné.

— C’est le seul moment où elle pouvait sortir sans attirer les soupçons. Son mari la croyant à la quincaillerie pour la nettoyer avant que lui ne vienne l’ouvrir. Elle organisait donc son temps de manière à pouvoir rencontrer Basseck chez lui tous les matins et être néanmoins à temps à la boutique pour sa besogne. Une habitude qui a également été confirmée par le voisinage, continua le commissaire, rodé.

— Cela marcha très bien jusqu’à ce que son mari soit informé de ce qui se manigançait dans son dos par un voisin un peu bavard, Thomas Mbakop. Colérique et jaloux de son état, le jour du drame, nous supposons qu’il décida de filer son épouse. »

Pascal se racla la gorge. Dehors, le crépitement des grosses gouttes de pluie qui s’éclataient sur les tôles de la bâtisse couvrait désormais presque le son de sa voix. Il prit une longue gorgée de bière, reposa sa bouteille et laissa son chef continuer leur exposé commun.

« Le jour de la découverte de la dépouille de Madame Tchonkeu, un détail en particulier m’avait intrigué. Son époux était trempé. Pourtant la pluie avait cessé auparavant et ce, bien avant l’heure habituelle à laquelle il était censé venir prendre le relais. »

Le commissaire scrutait son audience qui était désormais attachée à ses lèvres. Il s’accorda encore quelques instants, histoire de faire monter un peu le suspens. Après une dernière inspiration, il continua :

« Dans un premier temps, je ne m’y suis pas attardé car, au vu de la topographie du site et des marécages derrière la quincaillerie, jamais il n’aurait eu le temps de les emprunter pour se rendre chez lui, se changer et revenir par la route principale où il avait pourtant été formellement identifié par Madame Atéba, la vendeuse de beignets, à l’heure qu’il avait indiquée.

— L’absence de boue séchée dans la boutique avait déjà laissé entrevoir que Madame Tchonkeu était arrivée à la quincaillerie en clando, continua l’inspecteur Étoundi.

— Et c’est de là que m’est venue l’étincelle, annonça le commissaire triomphant.

— Comment ça, Chef ? demanda Mboudou.

— Et bien, la question que je me suis posée était de savoir pourquoi Monsieur et Madame ne seraient-ils pas venus dans le même clando ? Et dans ce cas de figure, pourquoi Monsieur ne serait-il pas reparti à bord du même véhicule laissant son épouse morte dans la quincaillerie ?

— Vous vous rappelez que Madame Atéba avait observé depuis sa véranda que la voiture de Jean-Louis Basseck remontait la ruelle sous la pluie en ce jour, n’est-ce pas ? demanda Pascal.

— Oui Chef ! répondirent les deux policiers en cœur.

— En outre, Madame Oyono nous a confirmé avoir vu Madame Tchonkeu plus tôt dans la matinée chez son amant…

— Oui Chef !

— Cela laisse donc supposer que Basseck a accompagné la gérante à sa quincaillerie ! continua Pascal, avant d’être repris par son chef.

— Alors, sachant de Mbakop que Monsieur Tchonkeu était au courant de la relation de Basseck avec son épouse, pour quelle raison aurait-il décidé de monter dans le même véhicule que son épouse et son amant, précisément à cette heure-là, heure à laquelle il n’était pas coutume pour ce dernier de sortir de chez lui ? »

Le commissaire se tût. Mboudou et Mbarga, eux, étaient quelque peu indécis ignorant s’il s’agissait d’une question-piège. L’inspecteur sourit mais laissa son chef continuer à exposer ses conclusions :

« Nous supposons ceci : Comme il avait plu, Jean-Louis Basseck avait récupéré son amante au bord de son véhicule dès lors que cette dernière était hors de vue de la maison familiale. Cela explique pourquoi les vêtements d’Amandine Tchonkeu étaient quasiment secs et qu’il n’y avait pas de boue sur ses babouches. Elle n’avait pas dû marcher longtemps.

— Elle devait sûrement se rendre à pieds chez lui habituellement, je suppose, enchaîna Mbarga, fasciné par le jeu de déductions.

— Je le suppose aussi, commenta Joseph. Mais comme il pleuvait, il voulait sûrement lui éviter d’être complètement trempée. Nous pensons que Monsieur Tchonkeu a suivi le véhicule jusqu’à la maison de Basseck. C’est à peine à cent mètres d’ici. C’est faisable lorsque l’on connaissait la destination des deux amants. Cela explique d’ailleurs aussi pourquoi lui, était trempé jusqu’aux os. Il a attendu dans l’obscurité qu’ils finissent leurs ébats ou peut-être pénétrât-t-il la voiture que Basseck dans la perspective de l’acte, n’avait probablement pas fermée à clefs derrière lui. Nous ne le saurons peut-être jamais.

— Basseck se décide à raccompagner Amandine en voiture à la quincaillerie et c’est là que le mari cocu surprend les deux amants. Une dispute s’engage probablement. Monsieur Tchonkeu arrache le foulard de son épouse assise sur le siège de passager juste devant lui et l’étrangle avec. D’où la présence sur son cou des deux traces provenant probablement des glissières de l’appui-tête du siège avant. Monsieur Mboudou, vous avez les photos de l’autopsie. Je suis certain qu’un coup d’œil dans le véhicule de Basseck confirmera l’hypothèse du commissaire. Vous êtes prié de saisir son véhicule. C’est une pièce à conviction, compléta Pascal Étoundi.

— Oui chef, mais pourquoi Basseck ne s’y oppose-t-il pas ?

— Je pense que Basseck essaye bien de le repousser mais il est assis côté chauffeur, la voiture est étroite et il a du mal. Quand enfin Tchonkeu lâche prise, son épouse est morte, répondit Joseph Atangana.

— Pourquoi Basseck n’appelle-t-il pas à l’aide ? demanda Mboudou, captivé.

— Il a peur de Monsieur Tchonkeu. Il est en adultère et il est une demi-portion … Quoiqu’il en soit, ils se disent tous les deux que c’est sûrement plus prudent de ne pas être liés à ce meurtre. Alors, Tchonkeu qui, en tant que gérant de quincaillerie, est très bien informé des cambriolages des derniers mois, a l’idée. Il menace Basseck et ils emmènent Madame Tchonkeu à la quincaillerie, toujours avec la voiture de ce dernier. Il fait sombre, les vitres sont en partie fumées. Personne ne distingue qui est à l’intérieur. Ils y déposent la jeune femme et orchestrent la scène de cambriolage que nous avons trouvée quelques heures plus tard. Ils remontent ensemble vers la rue. Madame Atéba, voit la voiture passer mais n’en distingue pas les occupants. Basseck et Tchonkeu se séparent. Basseck dépose Tchonkeu à l’abri des regards et ce dernier revient quelques minutes après sur la scène du crime, feignant la surprise. La vendeuse de beignets déjà installée à l’entrée poubelle le voit et lui livre l’alibi souhaité. »

Joseph s’était tu et contemplait son audience avec satisfaction. Ils semblaient tous désormais convaincus. Pascal brisa le silence à nouveau :

« Et comment allons-nous nous y prendre chef ? demanda un Mbarga très attentif.

— Nous avons Jean-Louis Basseck avec nous dans la voiture, nous avons son véhicule et les preuves de sa relation avec la femme du quincailler. Tchonkeu ignore ce qu’il nous a ou ne nous a pas dit. Nous allons simplement aller lui rendre visite et laisser les choses suivre leur cours. Connaissant le caractère houleux de ce dernier, j’espère qu’il nous livrera les aveux que nous souhaitons. Cela sera votre rôle maintenant. Monsieur Étoundi vous accompagnera. Je vous garantis que Tchonkeu craquera. Je vous fais confiance, Messieurs. »

— Oui. Chef ! », répondirent-ils en cœur.

Pascal vida sa bouteille et se leva. Mboudou et Mbarga lui emboîtèrent le pas.

Dehors, il gouttait désormais mais le gros de la tempête était passé.

La serveuse dans le coin regardait les hommes debout en train de scruter le ciel.

Pascal lui fit signe d’approcher. Elle s’exécuta avec lenteur et une désinvolture très voulue. Elle semblait apprécier énormément le regard de Mboudou qui suivait le balancement de sa poitrine. Elle se planta devant Pascal, les mains derrière le dos et demanda dans un français exécrable :

 « Il y a quoi ? »

Pascal enrageait intérieurement à cause de son ton mais s’efforça de garder contenance.

« Tu connais Monsieur Tchonkeu, le quincaillier ? »

— Bien sûr.

— Tu sais quand la levée du corps de son épouse aura lieu ?

— C’est demain. Il y a aussi la veillée. Tout le quartier y sera.

— Tu l’as vu aujourd’hui ?

— Oui, il est chez lui avec sa famille. Il y a une réunion de famille là-bas. Ils sont venus acheter la bière ici ce matin.

« Ok. Monsieur Mboudou, vous vous rappelez où il habite n’est-ce pas ? dit-il à l’adresse de Mboudou et Mbarga

— Oui ! répondirent-ils en cœur.

— Alors on y va. » conclut Pascal.

Les trois hommes se mirent en route, laissant leur commissaire derrière eux. Sa présence pendant l’arrestation étant inutile désormais.

*****

EPILOGUE

La maison du ministre Évouna Mvondo était une affreuse bâtisse en béton qui ressemblait à un bunker allemand de la deuxième guerre mondiale. L’architecte qui avait commis cette œuvre aurait mérité d’être traduit devant un tribunal militaire. À la guérite veillaient deux soldats zélés aux uniformes d’opérette flambants neufs qui se lançaient, pour chaque nouveau visiteur de rang, dans des garde-à-vous insolites qui auraient fait rougir d’envie les meilleures recrues de Kim-Jon- Un. Le portail de l’édifice était d’un blanc douteux et rappelait beaucoup plus l’enceinte d’une prison moderne que l’habitat d’un homme d’État.

Joseph et Pascal se firent conduire par une dame de ménage en tenue bleue vers un petit jardin où le ministre prenait seul son petit-déjeuner sous l’ombre d’un vieux manguier en lisant le « Cameroun Nouvelles » du matin. Un garde du corps à quelques mètres essayait de se tenir aussi droit que possible. Mais la difficulté de l’exercice transparaissait déjà, car il vacillait comme un bambou dans le vent en envoyant des regards méchants à son chef, qui avait sadiquement besoin de deux minutes pour chaque bouchée d’omelette garnie à la tomate et à la sardine qu’il engouffrait alors plus qu’il ne dégustait.

Quand il vit les deux hommes arriver, le visage du ministre s’illumina d’un large sourire. Il était laid. Il arrivait à peine à contenir sa bedaine derrière une chemise bleue et une cravate d’un rouge criard. Ses dents très blanches ainsi que ses petits yeux qui se perdaient dans la bouille qui lui tenait lieu de visage lui donnaient l’air d’un hibou anxieux. Il grogna à la dame de ménage d’apporter encore du café. Bien que le pays en produise, cela ne faisait nullement partie des habitudes alimentaires camerounaises. Toutefois, au fil du temps, en proposer au petit déjeuner était devenu un gage de bonne éducation et d’un haut degré en culture. Il proposa à ses hôtes de s’installer à sa table et alla droit au but.

« Monsieur Atangana, vous me mettez dans les problèmes ! Vous remuez dans les vieilles sauces ! », dit-il du tac-au-tac avec une jovialité forcée.

Joseph souriait lui aussi. Il connaissait le ministre depuis des années déjà. Ils s’étaient rencontrés en Allemagne pendant une visite officielle de ce dernier alors qu’il était encore chargé des affaires étrangères. Le politicien avait apprécié le franc-parler de Joseph qui présidait alors l’association des étudiants camerounais d’Allemagne. Il lui avait fait tout de suite comprendre qu’il comptait sur lui pour redonner de la vertu à la police camerounaise. Joseph l’avait cru. Et il ne s’était pas trompé. Son instinct lui avait dit que même si ce petit gros avait tous les attributs d’un faucon, il était sincère dans ses propos.

« Je sais, Monsieur le Ministre, mais n’est-ce pas la raison pour laquelle vous avez fait appel à moi ?

— Je veux bien. Je veux bien ! Mais ici, vous savez, il y a beaucoup de politique. Tout le monde a des amis et des contacts au plus haut niveau. Ce commissaire n’est pas arrivé à son poste par hasard.

— Que devons-nous faire Monsieur le ministre ? Capituler ? Laisser ces gens continuer à foutre – pardonnez-moi l’expression – la merde dans ce pays ? Il prêtait ses armes à des bandits !! C’est une chance incroyable que personne n’ait été tué !

— Vous avez des preuves ?

— J’ai son arme et le témoignage écrit et enregistré du chef du gang. Juste au cas où ce dernier serait tenté de vouloir se “suicider” avant d’être déféré à la prison de Kondengui, répondit Joseph en mimant des guillemets avec les deux mains.

— Humm … De toutes les manières, on ne peut plus faire marche arrière. Cette information fait la une du Courrier de Yaoundé depuis avant-hier. À croire qu’ils ont reçu un tuyau. », ajouta le Ministre avec un clin d’œil.

Le Courrier de Yaoundé était un journal d’opposition qui publiait, en général sans aucunes investigations préalables, les ragots qui circulaient sur les membres du gouvernement. En récompense de leurs durs labeurs, ses journalistes passaient d’assez réguliers séjours dans les locaux de la sécurité nationale aux frais de l’état. Bastonnade comprise.

Évouna Mvondo soupira profondément, réajusta sa cravate et après quelques secondes de réflexion, il dit :

« Nous avons commencé quelque chose vous et moi et nous le terminerons. Mettez-le au frais. Vous avez mon soutien. On va marquer les esprits. Les choses vont changer désormais. »

Pascal et Joseph dirent au-revoir et rejoignirent le Fortuner particulièrement heureux et soulagés. Au Cameroun on ne s’attaque pas à des hauts placés sans soutien de poids. Le ministre en était un.

C’est Pascal qui rompit le silence le premier pendant qu’ils se frayaient un chemin au milieu des immondices qui jaugeaient les rues du quartier Biyem-assi.

« On va parler de toi bientôt dis-donc.

— Voyons, Pascal, continua Joseph sur un ton faussement humble, nous n’en sommes pas à notre première arrestation.

— Crois-moi, Jo, celle-ci fera beaucoup de bruit…

— Et c’est bien pour nous. Il est important que la population sache que désormais il y a des forces de l’ordre en qui elle peut avoir confiance.

— Et ainsi commencèrent les chroniques du commissaire Joseph Atangana ! », lança Pascal amusé.

C’est dans un éclat de rire que le Fortuner parvint à rejoindre un axe goudronné. Malgré l’atmosphère décontractée, les deux hommes savaient que le vrai travail allait débuter maintenant dans un pays jeune, dynamique, épargné de conflits tribaux qui déchirent habituellement les pays africains et plein d’espoir mais où tout restait encore à construire. La route dégagée, Joseph accéléra, soulevant derrière eux un gros nuage de poussière.

Fin de la saison 1

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[1] Marque de bière locale

 

À propos de l’auteur
Félix Oum

Félix Oum

FÉLIX OUM

Félix Oum est né au Cameroun et a fait ses études en ingénierie à l’université technique de Berlin. Il travaille dans le domaine énergétique à Stuttgart. Il se passionne depuis des années pour le dessin et l’écriture, plus précisément l’écriture de poèmes et le travail à un roman. Très attaché à son Cameroun natal, il décide en Mars 2014 de se lancer dans la rédaction d’une série de nouvelles sur le quotidien des forces de l’ordre face aux réalités africaines avec l’intention affichée de donner ainsi à son pays son premier « Sherlock Holmes ».

 

2 Réponses

  1. Alain Richard

    Yes yes yesssss…Toujours aussi fan de cette série sauf qu’un bref résumé de l’épisode précédent avant le nouvel épisode serait un plus car, nous remettrait directement à 40 degrés dès l’entame de la lecture 🙂

    • Modérateur

      Bonjour Alain Richard. Nous sommes ravis que la série vous passionne. Nous allons tenir compte de vos suggestions pour la prochaine saison. Merci d’être parmi nous et parlez-en autour de vous

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