SAISON 1: LA DAME DE NKOLBISSON

ÉPISODE 3 : Les confidences de Moussa

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Les confidences de Moussa

Illustration Briand-Nelson Mutima

Le « Fébé » était une ancienne salle de cinéma désaffectée qui avait fait la joie du commissaire lorsqu’il était encore enfant. Il y avait vu pour la première fois un film sur grand écran. Sa maman lui avait alors donné un billet de 500 F CFA et l’avait suivi pour s’assurer qu’il était bien monté dans le taxi, toute fière de voir son petit-homme devenir autonome. Bon, il n’avait pas compris grand-chose et le film indien avait dû être interrompu parce que le projecteur avait pris feu mais cette expérience avait joué un rôle prépondérant dans ce qui allait devenir plus tard une incroyable passion pour tous les produits cinématographiques. Le bâtiment grisonnant qui abritait la salle obscure n’avait jamais véritablement connu de beaux jours et servait désormais de magasin pour tous les vendeurs à la sauvette du marché « Mokolo », l’un des plus grands de la ville de Yaoundé.

Joseph et Pascal arpentèrent la rue qui menait à l’ancien cinéma en évitant de tremper leurs pieds dans la mélasse du trottoir. Un mélange d’huile de moteur et d’urine. Il n’existait en effet pas de toilette à 20 km à la ronde et tous les acteurs du marché venaient se soulager contre les murs des bâtiments environnants, ce qui expliquait l’odeur pestilentielle qui forçait les deux hommes à ne respirer que par la bouche.

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Le croisement « descente Texaco », lui, était dénommé ainsi à cause d’une station d’essence du même nom. Les chauffeurs de taxi clandestins y attendaient leurs clients, engendrant au passage un embouteillage de plusieurs kilomètres. Ça s’insultait, ça se battait, ça criait, ça pleurait et ça s’entretenait. Le Yaoundéen étant un adepte des théories du complot, le sujet de prédilection des dernières semaines était très naturellement Boko Haram.

Le Camerounais était l’un des rares africains qui, mis à part une période coloniale violente et un coup d’état raté en 1984 n’avait pas vraiment connu la guerre et ses conséquences. Bon, il y avait bien eu le conflit de Bakassi[1] qui avait opposé le pays à son grand voisin, mais il était assez éloigné de la capitale et beaucoup de citadins étaient d’ailleurs fermement convaincus que leurs soldats n’y avaient rien fait d’autre que de jouer aux cartes et au Songo[2] avec leurs confrères nigérians. Boko Haram avait réussi là où plusieurs années de lutte acharnée pour l’indépendance avaient échoué : installer la méfiance et la peur entre les camerounais habituellement de nature attentiste.

C’est au bout de la rue que les deux policiers rencontrèrent l’homme qu’ils cherchaient. Omar Nafissou, un wadjo[3] aux allures d’épouvantail et au teint sombre comme de l’ébène, était assis sur le rebord du trottoir devant une chaussée défoncée. À ses pieds trônait une vielle caisse en bois qui abritait son matériel de travail. Ses bras presque nus étaient trempés de sueur pendant qu’il se penchait sur une vielle chaussure noire qu’il rafistolait en enfonçant dans la semelle des clous minuscules, se servant d’un marteau au manche usé.

Sa dextérité était remarquable.

De temps à autre il s’interrompait quelques instants, se levait pour détendre ses longues jambes de marathonien et en profitait pour s’essuyer le front avec un lambeau de tissu et réajuster son pantalon qui livrait un combat inégal contre la pesanteur. Sa mince « ceinture » qui n’était rien d’autre qu’un vieux câble électrique n’était indiscutablement pas un allié fiable dans cette lutte impitoyable. Il ne leva la tête vers les deux hommes que lorsque ces derniers se trouvèrent juste devant lui, lui faisant délibérément ombrage. Son visage prit brusquement une expression sombre :

« Monsieur le Commissaire ! Vous voulez quoi ? Moi zé né fé plus rien dé mal!! », s’exclama le Peul[4].

Il avait crié si fort que ses voisins raboteurs firent mine de vouloir venir à sa rescousse.

« Calme-les, sinon on leur dit que tu travailles avec Boko. Tu peux t’imaginer la suite des événements pour toi… »

Pascal ne cillait pas.

Omar Nafissou vira au vert. Il balbutia quelques mots à ses collègues qui se rassirent en maugréant.

« Je ne suis pas ici pour t’arrêter. Tu as purgé ta peine. Je cherche simplement ton cousin Moussa. Il a disparu de la circulation. Donne-nous son contact et on est repartis tout de suite, assura le commissaire. »

Soulagé, Omar griffonna quelques instructions sur le bloc-notes que l’inspecteur Étoundi lui tendait et c’est sur une insulte presque inintelligible qu’il se détourna d’eux, ramassa sa boite et ses outils et disparut dans la foule de marchands à la sauvette du marché Mokolo.

Quelques heures plus tard, la Toyota Fortuner du commissaire Joseph Atangana et de son adjoint Pascal Étoundi se frayait difficilement un passage entre les taudis des maisons de Mokolo Élobi où des jeunes enfants non scolarisés vêtus de haillons dégustaient un petit-déjeuner frugal de beignets et bouillie [5] en observant le passage de cette voiture de luxe dans leur quotidien de misère. Une vieille bâtisse en planches dont le toit avait vu des jours meilleurs leur indiqua qu’ils étaient arrivés à destination. Devant la minuscule véranda en ciment s’écoulaient les immondices des maisons en amont sans que cela ne semble émouvoir personne. L’odeur était épouvantable. Un homme dans la trentaine était assis dehors à une table rafistolée de toutes parts et dégustait avec une lenteur incroyable un énorme plat de piment aux beignets-haricots. À côté de lui s’affairait une jeune femme, manifestement son épouse. Elle écrasait à la pierre de la tomate, assise sur un petit banc en bois et ne leva son regard que lorsqu’elle vit s’approcher Joseph et Pascal dans leurs habits neufs.

Le commissaire la salua d’un bref hochement de tête et se dirigea tout droit vers l’homme entrain de prendre son petit-déjeuner. Il était de taille médiocre, son crâne était rasé, et son visage balafré semblait particulièrement dur. Ses avant-bras bien en vue grâce à un T-shirt démembré ne laissaient pas de doutes sur le fait qu’il était bien en forme et les tatouages presqu’invisibles sur sa peau trop sombre, confirmaient son appartenance passée à un gang. Contre tout attente, il sourit en voyant s’approcher les deux hommes.

« Ah Monsieur le Commissaire ! Vous avez pu trouver ! lança-t-il d’emblée goguenard.

— Monsieur Moussa, bonjour. Désolé de vous déranger pendant votre petit-déjeuner.

Aka[6], ça ne fait rien. »

Puis, se tournant vers son épouse en hurlant :

« Aïssa !! Apporte une chaise ! »

Aïssa le toisa en fiasquant[7] et en maugréant, avant de se lever pour aller chercher à l’intérieur, une chaise brinquebalante qu’elle tendit nonchalamment à Joseph. Ce dernier s’assit, Pascal lui, resta debout derrière son supérieur en scrutant le voisinage. Il n’était pas très à l’aise dans ce quartier à la réputation exécrable.

Le commissaire abrégea les formalités.

« Alors, dis-moi…

— Je pense que c’est le Gang des barbares qui braque les quincailleries ! l’interrompit Moussa du tac au tac.

— Qu’est ce qui te fait dire ça ? demanda Pascal impatient.

— Leur chef, Zorro, il vient de s’acheter une nouvelle voiture et il est très ami avec le commissaire du dix-huitième.

— …Et ? »

Joseph Atangana était très sceptique.

« Chef, on l’a arrêté quatre fois le mois dernier. Toujours il sort vite. »

L’huile du haricot lui dégoulinait de la bouche, occupé qu’il était à mâcher et à parler en même temps. Il tenait sa cuillère comme une pelle et lançait aussi souvent qu’il pouvait de mauvais regards à son épouse qui l’observait de manière ouvertement réprobatrice depuis son banc qu’elle avait regagné entre-temps.

« Où sont tes preuves ? »

Pascal répugnait cette racaille qu’il préférait nettement voir en prison ou mieux : morte.

« Quelles preuves tu veux, Chef ? On l’a arrêté trois fois sur les faits. »

Le tutoiement était naturel au Cameroun. Joseph ne s’en offusqua aucunement connaissant le niveau intellectuel de son interlocuteur. Il était déjà bien heureux que l’entretien se passe dans une langue relativement compréhensible.

Moussa, lancé, ajouta :

« Tu sais le commissaire du dix-huitième lui prête souvent sa kalach[8]… C’est avec ça qu’il va faire ses choses. »

Joseph avait déjà entendu parler de cette pratique. Les armes illégales étaient encore assez rares et surtout très chères au Cameroun. Il se racontait que des policiers prêtaient les leurs pendant la nuit à des gangsters qui leur remettaient en échange une partie du butin. Jusqu’ici, il s’agissait de rumeurs. Si cela se confirmait, ce serait une incroyable catastrophe qui affaiblirait encore plus le statut et la réputation, déjà bien mal en point, de la police nationale.

« Le Gang des barbares est composé de treize membres, Zorro non compris. C’est bien ça ?

— Oui, Chef. »

L’autre en était presque affable.

« Pourtant à chaque cambriolage il n’y avait que deux malfrats sur les lieux. Là-dessus tout le monde est unanime.

— Oui chef. Zorro est toujours dans le mouvement et il prend à chaque fois un de ses gars avec lui. Douze braquages, ça fait douze gars chef ! Comme ils n’ont qu’une seule Kalach, mieux vaut faire ça à deux seulement. Zorro a promis que chacun de ses gars aura eu sa part donc ils vont arrêter l’histoire-là bientôt. Il n’y a plus qu’un seul qui reste ! »

— Pourquoi n’en cambrioleraient-ils pas plus ? demanda Joseph.

— Je suppose que les gérants des quincailleries sont désormais de plus en plus sur leurs gardes et ferment plus tôt. En outre, cela fait probablement partie de leur arrangement avec le commissaire, répondit Pascal, songeur.

— D’où tiens-tu toutes ces informations ? repris un Joseph au regard inquisiteur.

— De « Baltho Baltha », c’est un de leurs gars. Il racontait ça au bar il y a deux semaines. Il a offert la bière aux gens. »

Pascal derrière montrait de grands signes d’impatience, visiblement pas convaincu du tout.

« Tu racontes n’importe quoi ! grogna-t-il.

— Ah, chef, tu sais où Zorro habite non ?

— Au quartier Essos et alors ?

— Tu sais qu’il y a plein de quincailleries à Essos à cause des nouveaux bâtiments ministériels qu’on va construire là-bas non ?

— Oui. Où veux-tu en venir ?

— Chef, aucune quincaillerie d’Essos n’a été braquée.

Joseph s’adossa sur sa chaise qui plia quelque peu sur un craquement inquiétant.

« Il sait qu’on pourrait le reconnaître dans le quartier, souffla-t-il songeur.

— C’est ça même, chef. » Termina Moussa, manifestement satisfait de sa déduction.

Pascal avait fait tomber sa défense. Le dernier argument de Moussa, quitte à ne pas être absolument vérifiable, donnait néanmoins à réfléchir.

Quelque part cela se tenait.

Moussa ingurgita les dernières cuillères de haricots et essuya d’un revers de la main gauche sa bouche huileuse et de la main droite la morve qui lui dégoulinait du nez, résultat d’une consommation bien trop élevée de piment. Il semblait prêt à commencer sa journée, ce qui, pour ce paresseux chronique signifiait retourner d’abord au lit et forcer son épouse à lui faire un septième gamin dont il s’occuperait encore moins que des six précédents.

Joseph se pencha sur la table et fit signe du doigt à Moussa de se rapprocher. Ce dernier obéit, visiblement flatté par l’ambiance conspiratrice que dégageait cette situation.

« Je veux savoir quand et où aura lieu le prochain cambriolage. »

Les traits de brigand se défirent totalement. Ses petits yeux hagards regardaient dans tous les sens comme si le commissaire avait prononcé des mots obscènes. Il fit mine de vouloir se lever mais Pascal qui était passé derrière lui pesa de tout son poids sur ses épaules pour qu’il reste assis. De loin, on aurait eu l’impression qu’il lui dispensait un massage. Moussa était totalement paniqué et bien que la matinée fût relativement fraîche comme il est d’usage pendant la saison des pluies, il transpirait à grosses gouttes.

« Voyons, voyons, où veux-tu aller grand gaillard ? », lui souffla Pascal avec un sourire moqueur.

« Chef, Ze ne pé pas faire ça. »

Quand il était nerveux, son élocution reprenait la connotation de sa région d’origine, l’Adamaoua dans le nord du pays, où il est coutumier de remplacer le « J » par le « Z », héritage de la langue fulfuldé.

« Ils vont me zigouiller, Chef. »

Là, le « Z » était bien à sa place.

Joseph et Pascal ne purent réprimer un fou rire. Moussa les regardait, hagard et se mit également à sourire bêtement, sans vraiment comprendre ce qui amusait les deux amis. Ces derniers reprirent malheureusement très vite leur sérieux.

« Tu connais le numéro de l’inspecteur. Débrouille-toi. Je veux que tu lui passes un coup de fil ce soir à vingt-et-une heures. Je n’ai aucun problème à envoyer mes hommes te rendre la vie dure ici avec tous les méfaits que tu as déjà commis dans le quartier et ce n’est pas les témoins qui manquent.

— Chef, Ze suis innocent … »

Nouveau fou rire.

Puis Pascal, spécialiste du passage du fou rire à la menace sourde sans transition ajouta sur un ton très noir à glacer le sang :

« Ce soir à vingt-et-une heures, connard … »

Joseph se leva et les deux regagnaient leur véhicule laissant Moussa effondré derrière eux, lorsque le commissaire se retourna :

« Dis-moi Moussa, connais-tu une Amandine Tchonkeu ? »

Moussa leva un regard larmoyant ayant espéré entendre autre chose du policier :

« Non Chef. C’est qui ? »

Sans répondre, ils remontèrent dans le Fortuner et démarrèrent en faisant crisser les pneus.

Quelques jours plus tard, à la fin d’une semaine épargnée de nouveaux orages, les deux policiers s’étaient donnés rendez-vous comme il était coutume le vendredi pour clore une semaine de travail, malheureusement sans nouveaux éléments ou quelconque avancée notable. Comme tous les vendredis soir, les ruelles étaient pleines et les bars pullulaient de poivrots et de prostituées. Les derniers tubes de Bikutsi [9] dont la particularité était la monotonie de leur composition et l’obscénité de leurs textes fusaient de tous les bars à des décibels tellement élevés qu’on en serait devenu sourd. Tous les coins sombres du quartier Mini-Ferme où Joseph et Pascal se trouvaient désormais étaient utilisés pour fricoter. La Sodome et Gomorrhe de Yaoundé, le coin où tout était manifestement permis mais où malheureusement était aussi préparé le meilleur porc braisé de la capitale. Il s’agissait là de la raison primaire de la présence des deux policiers dans le seul bar qui ne disposait pas d’appareil de musique, trop souvent tombé en panne à cause des coupures de courant intempestives.

Cela faisait deux jours que les deux hommes n’avaient pas eu de nouvelles de Moussa et envisageaient déjà de lui rendre une petite visite de courtoisie lorsque le téléphone portable de Pascal vibra dans sa poche. Il se leva et se dirigea dans la rue d’où pouvait l’observer Joseph resté assis sur un canapé troué de la véranda du bar « Dieu pourvoyeur ».

Le « y » ayant été remplacé par un « i ».

Pascal gesticulait pendant qu’il s’entretenait avec son interlocuteur. Il revint cinq minutes plus tard avec un sourire radieux sur le visage.

« Moussa a réussi.

— Comment ? demanda un Joseph sceptique.

— Il connaît le petit cousin de Zorro. Ils ont eu un temps la même copine. »

En effet, les jeunes filles de Yaoundé étaient désormais réputées à travers l’Afrique pour leur grande générosité.

« Bref, le petit cousin est assez énervé parce que Zorro est venu prendre les clés de sa Toyota lorsqu’il n’était pas là, promettant à son épouse qu’il les lui remettrait mardi matin en bonne et due forme. Son épouse ne pouvant pas refuser grand-chose à Zorro et en ayant une peur bleue de ce dernier n’a naturellement pas rechigné.

— Je croyais que Zorro avait une nouvelle voiture ?

— Il se gardera bien de l’utiliser pour un cambriolage. Il est méchant mais pas complètement con.

— Pas complètement …, reprit Joseph un sourire en coin.

— En outre Jo, figure-toi qu’en allant faire son marché quotidien, elle passe par le grand carrefour de la nouvelle route de la briqueterie[10]. Et là, elle a aperçu Zorro à maintes reprises dans sa voiture, garée en face de la quincaillerie « Le beau gosse » à l’embranchement qui mène vers l’ancien marché. Un autre membre du gang était avec lui : Ntep Magloire. »

— Conclusion ?

— Ils n’attaqueraient jamais une quincaillerie pendant le week-end. Trop de monde. Donc ils l’observent et Zorro remet la voiture mardi, cela laisse présumer qu’ils ont bien l’intention de passer à l’acte lundi soir. »

— Oui, ça parait logique.

— Que fait-on ?

— On va les prendre sur les faits. Tous. Une action coordonnée en deux temps. Je veux que Mboudou, Mbarga et les autres me fassent une liste détaillée de tous les membres du gang. Fais leur bien comprendre que si ces informations sont divulguées, je m’occuperais personnellement de leur cas. Je suppose que les autres membres du gang n’ont pas encore pu écouler toutes les marchandises volées. Il devrait donc en avoir encore chez eux. On les arrêtera tous en même temps en faisant une razzia. Appelle du renfort des autres commissariats mais ne leur dis qu’au dernier moment de quoi il s’agit. Je ne souhaite aucune fuite.

— Compris. Et la quincaillerie « Le beau gosse » ?

— Fais-la observer. Mieux, fais-le toi-même. Je n’ai aucune confiance en ces rigolos. Je souhaite que Zorro et Ntep soient pris la main dans le sac.

— Et le commissaire ?

— Si nous interceptons Zorro avec sa kalachnikov, il lui sera difficile de nier sa participation aux cambriolages.

— Bon plan.

— Il ne sera bon que s’il a du succès ! conclut Joseph en vidant le fond de sa bouteille de Mutzig d’un coup.

—Tu manges encore ? lui demanda Pascal en désignant les derniers morceaux de porc braisés au piment piqués de cure-dents qui trônaient encore dans le plat de son chef.

— Non, vas-y, sers-toi. Il faut que je file. Toi aussi d’ailleurs. Nous avons beaucoup à préparer. »

Sur ce, le commissaire se leva. Il n’était pas dupe. Zorro était un criminel aguerri qui n’aurait pas de scrupules à ouvrir le feu pour éviter d’aller en prison et jusqu’ici il n’avait toujours pas la certitude que ce dernier était véritablement impliqué dans le meurtre de madame Tchonkeu.

De gros risques pour beaucoup de « si ».

Il était déjà vendredi soir.  Il ne leur restait donc désormais que deux jours pour se préparer à cet échange qui allait sans le moindre doute être très musclé.

…À suivre

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[1] Bakassi est l’extension de la péninsule de Calabar dans le golfe de Guinée. Ce territoire de 1 000 km2 situé à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun et a fait l’objet d’un sérieux contentieux entre les deux pays.

[2] Jeu de quilles traditionnel de la région du Sud du Cameroun

[3]  Terme péjoratif utilisé pour désigner une personne originaire du Nord-Cameroun

[4] Les peuls sont traditionnellement des pasteurs de la région sahélo-saharienne qui se répartissent dans une quinzaine de pays en Afrique de l’Ouest

[5] Beignets de farine et bouillie à base de maïs ou de manioc constituent un petit-déjeuner typique à Yaoundé

[6] Exclamation camerounaise à connotation sudiste mais utilisée communément afin de manifester une certaine désinvolture

[7] Interjection grimacée censée manifester le mépris

[8] Kalachnikov

[9] Rythme musical originaire du sud du Cameroun mêlant des rythmes bantus à des sonorités de guitare acoustique

[10] Quartier de Yaoundé

À propos de l’auteur
Félix Oum

Félix Oum

FÉLIX OUM

Félix Oum est né au Cameroun et a fait ses études en ingénierie à l’université technique de Berlin. Il travaille dans le domaine énergétique à Stuttgart. Il se passionne depuis des années pour le dessin et l’écriture, plus précisément l’écriture de poèmes et le travail à un roman. Très attaché à son Cameroun natal, il décide en Mars 2014 de se lancer dans la rédaction d’une série de nouvelles sur le quotidien des forces de l’ordre face aux réalités africaines avec l’intention affichée de donner ainsi à son pays son premier « Sherlock Holmes ».

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